Pourquoi ce sujet?
Parce que le «vivre ensemble» touche au rapport à l’autorité, au pouvoir, et aussi à prendre soin.
Amoins de vivre seul sur une île ou de rester cloîtrer dans sa tour d’ivoire, nous vivons tous des moments, à travailler ensemble, autour d’un objectif commun. Souvent la pression est là, celle de réussir, celle du client, de sortir le produit à l’heure, de rendre le rapport à temps, de réaliser le chiffre d’affaires…
Pour arriver au résultat attendu, nous mettons en œuvre des stratégies.
Mais,quel que soit la pression, est-il possible de préserver de bonnes relations dans le temps ?
Préserver l’avenir
Dans notre vie émotionnelle, chacun de nous ressent des peurs : peur de l’inconnu, du jugement, d’être rejeté, manipulé…
Même si ce ne sont que des appréhensions, réelles ou infondées, ces peurs nous font voir l’autre comme une
Dans un groupe, ces peurs s’expriment en jugements, préjugés ou en accusations. Nous nous protégeons alors en portant un masque, c’est-à-dire, en jouant un rôle. Le paradoxe est que le masque que nous portons, par exemple, celui du Rocher impassible et froid, peut provoquer chez les autres de la peur ou de la violence.
Et pour lutter contre ce que nous vivons inconsciemment comme une menace, nous pouvons rester entre personnes avec qui nous avons le sentiment d’être plus proche, jusqu’à parfois, créer des clans.
Clans et bouc émissaire
Le fait de se retrouver en petit groupe, parce qu’ils sont bienveillants avec nous par exemple, peut laisser l’image d’une harmonie. Mais les peurs de chacun restent les mêmes ! Et la tentation pourrait être de cristalliser sur une personne ou un groupe, comme étant la source de nos maux, et ainsi en faire un bouc émissaire.
Pour soi, c’est d’abord prendre conscience de son ombre.Toutes ces appréhensions, masques, clans, bouc émissaire… limitent notre capacité à travailler ensemble. Alors, comment préserver l’avenir et prendre soin du « vivre ensemble » ?
Prendre conscience
Notre part d’ombre
Anne n’aime pas se mettre en avant, elle trouve que ce n’est pas adapté, égocentrique, prétentieux. C’est tout ce qu’elle pense de Luc, un autre commercial de l’équipe, qui lui au contraire, a tendance à se mettre en avant: je suis doué, je fais ce que je veux des clients, ils m’adorent, regardez mon chiffre d’affaires, qui fait mieux ? etc. Plus Anne s’interdit de se mettre en avant, plus le comportement de Luc l’insupporte.
Le masque de Luc est, lui, une sur-adaptation aux situations, par peur d’être humilié. Depuis très jeune, il a adopté ce rôle pour se protéger, tout en lançant des pics à tous ceux qui n’ont pas les mêmes résultats que lui. Aujourd’hui c’est une habitude dont il n’a pas nécessairement conscience.
Pour prendre soin du « vivre ensemble » en équipe, Anne et Luc doivent prendre conscience de leur ombre et de leur violence (vers soi ou vers les autres).
La prise de conscience
Prendre conscience, c’est avancer sur son regard de la réalité ; c’est comprendre que la violence part Une peur reconnue et formulée en groupe perd de sa puissance destructrice.du sentiment d’impuissance et du fait de se poser en victime.
C‘est aussi comprendre que la violence est une solution à la souffrance.
Tout le travail pour prendre soin du vivre ensemble dans un groupe, commence par l’écoute de l’expression des besoins.
Transformer
La thérapie sociale vise la transformation des peurs, des haines et des violences afin de recréer un lien entre des personnes divisées voire opposées et leur permet ainsi d’exprimer et de vivre leurs conflits de façon constructive.
Permettre l’expression des besoins
La thérapie sociale
(Charles Rojzman) décrit bien cette étape. Les besoins véritables de chacun se trouvent dans l’expression des doutes, méfiances, réticences ou peurs, ou aussi, les sentiments d’impuissance, de colère ou de tristesse.
Anne peut douter de pouvoir trouver de la place dans l’équipe, et Luc peut soupçonner que son travail ne sera pas récompensé à sa juste valeur.
Transformer la violence en conflit
Devenir responsable de nos besoins
Réparer les blessures dans notre manière d’être présent
La violence a une source dans le sentiment d’impuissance parce que nous voyons ce que font les autres et nous ne voyons pas ce que nous faisons.
Sentir sa violence, et comprendre par exemple son origine, c’est se donner la possibilité de la transformer en conflit et de devenir responsable de ce qui se passe dans la situation. C’est aussi abandonner ses certitudes.
Dans tout cela,
quelle place pour le leader ou l’autorité?
Pouvoir et Leadership
Tout le travail de prendre soin d’un groupe est source de coopération. Il favorise l’intelligence collective.
Pour cela, il est nécessaire de faire la différence entre critique et humiliation, entre responsabilisation et culpabilité, de savoir ce qui est destructeur et ce qui ne l’est pas.
Pour le leader, cela demande une écoute des autres, tout en étant conscient de son ombre.
Comme il ne peut pas laisser s’installer de clans, il doit laisser l’espace à son équipe d’exprimer ses peurs ou ses doutes.
Le leader doit pouvoir accepter d’être vulnérable, sans se sentir attaqué ou humilié, et éclairer ses zones d’ombre sur, par exemple, le sentiment de toute puissance ou le besoin de contrôle.
Soigner le vivre ensemble en entreprise demande une posture encore plus proche de la réalité humaine et sociale.
Source à lire : La thérapie sociale (Charles Rojzman, Igor Rothenbühler, Nicole Rothenbühler